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État Intermédiaire 2

 

Cette série qui succède à État intermédiaire 1, se différencie d'elle par sa pratique formelle qui semble pourtant proche et sur les significations qui sont à l'œuvre. Des organes tels que l'anatomie les nomme : reins, cœurs, poumons, vulve, pénis, testicules, intestins, présentés dans État intermédiaire 2, s'hybrident entre eux pour former des organismes aux multiples circonvolutions. Ils s'appareillent parfois à de petites machineries dont les terminaisons nous renvoient à l'univers de la fête foraine ou peut-être à celui des alambics pour fabriquer des eaux florales. Ces assemblages nous suggèrent peut-être aussi des corps en posture d’accouplement durant une période nuptiale. Certains fragments en élongation, appartiennent certainement à une série antérieure, Transgenose 1, qui proposait des corps humains appartenant à une esthétique du surréalisme : la paranoïa-critique de Salvador Dali. Mais ce qui nous surprend, qui domine dans ces scènes figuratives, c'est que ces petits organons se lient entre eux comme les éléments d'un appareil digestif. Sorte de rhizomes intestinaux qui fonctionnent aussi comme rhizomes de plantes plus ou moins ramifiées, pourvues d’excroissances de bourgeons. Excroissances prenant la forme de pénis masculin, parfois de terminaisons en vulve féminine mais aussi dans toutes ces ambiguïtés délibérées, en pétales de fleurs exotiques. Ces multiples figures comme dépliements de parures dans un rituel annonçant la fête de la fécondité au printemps séduisent aussi. Hommes, femmes, fleurs, oiseaux, un véritable relevé élogieux de la nature qui s’éveille pour sa reproduction.

La pratique graphique, particulièrement la précision du traitement des textures va en éclaircissant la couleur et la transparence. La lumière de chaque figure ne survient que par le spectre chromatique. La lumière est avant tout couleur. Les valeurs sombres comme les violets prennent tout leur éclat par l'enchantement de cette diaphanéité et subtile opacité de la surface comme le travail en pâte de verre d'un Legras, Daum, Gallé, Lalique. En fonction des thèmes de chaque figure comme le paysage, la fleur, la faune.. Il existe une grande parenté entre le travail d'Emmanuel Lesgourgues et ces grands maîtres verriers. Une grande variété fantastique de modèles, formes, décors, est esquissée, dessinée avec délicatesse.  Ces nombreuses qualités de transparence nous renvoient aussi par analogie, aux chairs des anémones des mers, celles des méduses; écailles alaires et ocellés de papillon, pétales de fleurs dont certaines couleurs sont essentiellement optiques en diffractant la lumière.Toutes ces techniques figuratives nous amènent à prendre conscience de l'immense variété de jeux de couleur et de transparence que l'on retrouve dans la nature comme dans le monde artificiel d'Emmanuel Lesgourgues. 

 

Texte de Jean-Claude Thevenin / février 2020

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